Voici une explication sur Mokuso, qui devrait éclairer plus d'un pratiquant.
Mokuso : à quoi ça sert ?
Mokuso signifie littéralement "penser en silence". […] les origines exactes du Mokuso ne sont
pas connues. Il semble que le Mokuso ait été introduit dans le Kendo vers 1898 (voila encore
quelque chose qui va décevoir ceux qui pensent que Miyamoto Musashi bouffait du Mokuso à
son petit déjeuner) et qu'il n'existait pas auparavant. La position du Mokuso diffère notablement
de la position adoptée en Zen (en Kendo le Mokuso se pratique en Seiza, alors qu'en Zen la
position assise est "en tailleur") sans qu'on connaisse les raisons exactes de cette différence.
Les buts du Mokuso sont exprimés par l'expression "Kokyu wo totonoeru, kokoro wo totonoeru"
dans laquelle Kokyu est la respiration, Kokoro le coeur, l'esprit, et le verbe Totonoeru signifie
arranger, ajuster mais aussi préparer. Bref aux ambiguïtés près de la langue japonaise il s'agit
d'ajuster sa respiration et de se préparer mentalement.
Ajuster sa respiration : ce qui est important c'est de se concentrer sur sa posture (la corriger),
et sur sa respiration. Mon premier professeur de Kendo (Hanshi 8ème Dan) ne donnait d'ailleurs
pas l'ordre "Mokuso", il annonçait "Shinkokyu 10 kai" ("10 respirations profondes"), voire "20 kai"
ou même "30 kai". Respirer régulièrement est en général un exercice recommandé pour se
détendre. De ce point de vue il constitue une excellente introduction à une séance d'activité
physique intense.
Se préparer mentalement : beaucoup de pratiquants se demandent à quoi penser pendant le
Mokuso. L'expérience montre que si on se concentre suffisamment sur sa respiration, il est
difficile de penser à quelque chose, mais c'est un exercice difficile. De façon générale on peut
penser à ce que l'on veut, l'idée générale étant en quelque sorte de "purger" son esprit pour
aborder le Keiko dans l'état d'esprit que les Japonais appellent "Mushin" (sans sentiment). Apres
le Keiko on pourra réfléchir au Keiko qui vient de s'achever, et essayer d'en tirer quelque leçon
ou sujet de réflexion.
J-J. Lavigne, 7ème Dan de kendō